mercredi 29 juin 2011

Petit Couloir

Petit Couloir est une plongée profonde au large de Boucan Canot à laquelle on accède en passant par le grand bleu.

La descente n’en finit pas. Soudain, vers 30 mètres, apparaissent des taches blafardes qui petit à petit précisent leurs contours en émergeant du bleu : ce sont les gorgones géantes recouvrant la roche nord. L’approche est magique.

La descente continue… la conscience commence à se troubler. La respiration se fait feutrée : on n’entend plus les bulles éclore à la surface. Le cerveau est à la fois suroxygéné grâce aux 5 bars de pression dans lesquels nous nous laissons glisser, et surchargé en azote, ce gaz sournois qui provoque la narcose… ou l’ivresse…

La colline recouverte d’une forêt d’alabâtre est là. La proximité du sol nous rassure et nous restitue nos repères.


Promenons-nous dans les bois tant que le requin n’y est pas. Dommage …


Comment ne pas être encore, et encore subjugués par ces gigantesques gorgonidés que l’on ne trouve qu’à ces profondeurs ?

Du bleu…partout du bleu…comme dans un rêve. Qu’est-ce que nous poussera tout à l’heure à remonter ?

La lumière solaire pénètre jusqu’à ces profondeurs, jouant dans les robes plissées ou diaphanes des gorgones. Cette clarté opaline nous rappelle en même temps que notre monde est bien là haut, et qu’ici, nous ne sommes que de passage. Des invités tolérés mais dont le visa est éphémère.

A plus de 45 mètres, France vient de faire connaissance avec une énorme tortue verte qu’il s’est permis de taquiner un peu. Il est rare de rencontrer nos compagnes préférées à de telles profondeurs.

Agacée, notre amie nous fausse compagnie et s’éloigne sur la lande de sable.

Tout à coup, j’aperçois, incrédule une silhouette fantomatique reconnaissable entre mille. Est-ce l’effet de la narcose ?

Et non ! C’est bien un napoléon ! Le labre géant ! Le Cheilinus undulatus. Le napoléon est le plus gros poisson du récif. Celui-ci doit approcher un mètre de long, mais les plus gros peuvent dépasser les deux mètres et approcher les 200 kg ! A la Réunion, il est extrêmement rare de le rencontrer. On n’en voit que depuis quelques années. Mais de plus en plus, et de plus en plus gros. Quel bonheur !


Petit Couloir, c’est aussi … un petit couloir qui se faufile entre les gorgones au milieu d’une multitude de poissons de récif.



Au bout de ce dernier, « notre » napoléon nous attend pour nous dire au revoir. Déjà 12 minutes au fond. Il va falloir, encore une fois, le coeur déchiré, se résigner à remonter. Abandonner ce bleu pour retrouver l’astre solaire vers lequel nos bulles, tels des milliers de tournesols, persistent, elles aussi, à se tourner.


Texte et photos : Bernard L.













dimanche 19 juin 2011

Pas de panique !

On entend tout et n’importe quoi depuis la dernière attaque de requins. Certains et certaines renoncent même à venir plonger au club. Ce résumé, pour vous faire partager notre PETITE expérience, reconnaître ces bébêtes, et peut-être pour vous rassurer.


1)   Le requin pointe noire

Aucun danger, il ne dépasse que rarement un mètre. En groupe ils sont parfois très excités mais ici….c’est rare !!


 
2)   Le requin pointe blanche de lagon ou requin corail

Celui-là on en a vu UN seul en 2 ans et …..quelques plongées dans la réserve.

Aucun danger aussi, il est couché sur le sable. Attention, quand même si on le dérange au repos dans une grotte, il fonce pour se dégager et peut vous érafler.


 

3)   Le requin dormeur ou requin nourrice.

Il a le même comportement que le précédent mais attention, il est plus gros et quand il dégage de la grotte où il se repose…..ça décoiffe. Cela se produit en général quand un plongeur tente de le caresser.


4)   Le requin renard

Aucun danger, toute petite bouche. En plus, il aime le large, vous ne risquez pas trop de le rencontrer. Ces photos ont été prises vers 5h du matin lorsqu’il monte se faire nettoyer sur certaines roches.

 
5)   Le requin baleine

Aucun danger, vous êtes trop gros, il ne mange que du plancton.
Par contre attention à la caudale quand il change de direction ! Je connais un couillon qui a eu 2 côtes fêlées pour avoir voulu le filmer de trop près !

Il passe trop rarement autour de l’île ( le requin, pas le couillon).


 

6)   Le requin léopard


Aucun danger, toute petite bouche, petites dents broyeuses.

On peut l’approcher tout près, il part tout doucement en vous évitant.


 

7)   Le requin citron (c’est le foncé en arrière-plan).

Ca devient plus sérieux, il est colérique et vicieux et a horreur qu’on le provoque.
On reste calme, on évite de foncer dessus : il part.

 
 
8)   Le requin gris, ou raïra ou dagsit
C’est le plus commun, pas très grand, max. 2 m

Il est lâche et s’enfuit quand on fait de grands gestes et qu’il est seul. Il peut être dangereux quand il est en meute.

Il est territorial et peut se montrer agressif si on est "chez lui".

Nous nous sommes fait une fois gentiment raccompagner jusqu’à la surface par 3 femelles, Jacqueline et moi (belle bosse sur la tête de Jac qui est remontée un peu vite, juste sous le bateau).

Il est "sympa" car il prévient qu’il ne veut pas de vous en se tortillant dans tous les sens. On remonte calmement dos à dos mais bon, facile à dire !


9)   Le requin pointe blanche du récif
On entre dans le gros, il dépasse les 2m

On l’appelle aussi albimarginatus, il ressemble au requin gris, plus grand et a ses nageoires bordées de blanc.
En général il vit profond, et on ne le rencontre pas. On peut l’attirer en imitant le bruit d’une carangue blessée (on écrase une bouteille plastique) mais, bon, on n’est pas obligé !!
En général il ne s’approchera pas de vous.



10)   Le bulldog !!! Ah enfin, celui qui bouffe les surfeurs ...

C’est un lâche, vous le verrez rarement en eau claire, il attaque quand la visibilité est nulle… Foncez dessus, agitez les bras, il s’enfuira.
Si vous êtes au palier et que la ravine dégueule….. priez !!




11)   Le tigre (et oui, il y en a autour de la Réunion !)

La, c’est du sérieux car il n’a peur de rien et après vous avoir tourné autour, il lui arrive de venir "voir". C’est une bestiole qui dépasse les 4 m, c’est gros !!! On en a rencontré 3 fois. Une fois il est venu "tâter" mes palmes, une autre fois il a voulu goûter mon boîtier vidéo. (A propos, celui-ci est à vendre pour ceux ou celles qui voudraient se protéger, c’est efficace). Sans boîtier, on se met dos à dos et on remonte….calmement. Parfois un bon coup de poing sur le nez ou un coup de palme et il s’en va…….peut-être !!

On a un copain qui préconise de décapeler et de remonter en faisant face, bloc dans les bras.

 12)   Le longimanus ou requin océanique

Théoriquement, vous ne le verrez jamais, il est pélagique et fréquente la haute mer. Mais bon, parfois, sur une profonde ... on le voit arriver au palier. Il est très chiant, mesure plus de 3 m et est exagérément curieux. 15 min de palier avec ce compagnon … c’est long. Il tourne, tourne et ne s’en va pas. Il vient même au contact en vous refilant un coup de nez. Une vraie saloperie. Faites face mais il n’a peur de rien et même un bon coup sur le pif ne l’éloigne pas. C’est le seul qui ait attaqué un plongeur. Courage !


 
13)   Le requin blanc

Jamais vu, hélas, adressez-vous à nos spécialistes, Philippe et Virginie.
Par contre nous connaissons des plongeurs qui en ont rencontré en Nouvelle Calédonie, par 2 fois. Aucun problème, aucune agressivité. L’animal est venu, il a regardé et est reparti.

14) Le requin marteau


Aucun problème, cet animal est très craintif et il fuit en général le plongeur. Les rares fois où j’en ai vu un, je n’ai pas pu l’approcher assez pour le mettre " dans la boite ".
 

Voila, on n’y connaît pas grand-chose mais sincèrement, on ne pense pas qu’il y ait quelque chose à craindre.

 

A bientôt au Gloria Maris, la mer est toujours un délice.


Christian et Jacqueline 

dimanche 12 juin 2011

Sainte Rose

Située sur la côte est, Sainte-Rose n’est pas un spot où nous allons régulièrement plonger. De la côte ouest, il faut environ 1H30 pour s’y rendre. C’est dommage, car niché en plein sud sauvage au sein d’une anse tranquille, le site, quoique peu poissonneux, révèle de très agréables surprises. Et surtout, nous sommes loin de l’affluence de Saint-Gilles et de ses « usines à plongeurs ».


La « Marine » de Sainte-Rose offre un abri côtier assez tranquille. C’est là que nos amis du Club Subaquatique de Sainte-Rose nous accueillent à bord d’un petit zodiac tout neuf, leur « navire amiral » étant en réfection. Le temps n’est pas au beau, mais comme c’est pire dans l’ouest, et que ce n’est pas leur faute, nous nous préparons à de très intéressantes découvertes.


Le matin nous nous immergeons sur le site « 13-41 ».
Il s’agit d’un tombant démarrant à 13 m et se terminant à 41 m, tout à fait accessible aux Niveaux 2.

Toussaint et Isa nous ouvrent la route le long du mouillage.


Nous survolons de grosses coulées de lave assez désertiques.



Et suivons nos guides le long d’un tombant vertigineux.



Soudain, coup de coeur ! Isa nous déniche un superbe hippocampe épineux (hippocampus histrix) d’un jaune éclatant ! Un vrai petit bijou !


Juste à côté s’en trouve un autre de couleur brune.

Ce dernier se met à nager, si l’on peut dire,
afin de me présenter son meilleur profil.

Plus loin, une splendide petite étoile de mer (fromia monilis)
nous tend les bras.



Je ne peux rester indifférent devant cette belle gorgone (subergorgia sp).


Et que dire de cette magnifique Acabaria splendens servant
de paravent aux poissons soldats ?


Un petit poisson ballon à taches noirs (arothron nigropunctatus)
nous observe derrière ses lunettes de soleil.

Et un poisson savon à six lignes, ou bagnard, ou loche gingembre (grammistes sexlineatus) se dissimule dans une anfractuosité de roche.


Nous entamons notre décompression sur un plateau corallien … et terminons le palier le long de la ligne de mouillage.



L’après-midi, le temps reste maussade malgré quelques apparitions du soleil.



Nous descendons sur « Petit tombant ».




Peu après, nous atteignons « corail mol », un platier recouvert d’alcyonaires blancs, une variété de Sinularia.


A proximité, nous déambulons parmi des colonnes de Porites nigrescens particulièrement développés, dressés comme des chandelles.



Soudain, une murène ruban (rhinomuraena quaesita) attire mon attention. Ses mouvements incessants perturbent ma mise au point. La murène ruban est un cas d’hermaphrodisme postandrique : après le stade juvénile (toute noire), elle devient mâle (bleue et jaune) puis, en grandissant, femelle (toute jaune)

Nous passons à une murène tatouée (siderea grisea) nettement plus calme.


Attention au poisson-diable (Pterois antennata) vénimeux.

A proximité, un spondyle (Spondylus varius) se referme brusquement.


Ne manquons pas deux petits joyaux : des nudibranches. Un Phyllidia varicosa et un Phyllidia ocellata.



Au milieu d’un fond mal pavé, nous rencontrons tout à coup une tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata) fort affairée.



Puis plus loin, c’est une tortue verte (chelonia mydas) qui nous tourne le dos.


En surface, vers l’entrée du port, des nuées d’orphies (stongylura timucu) zèbrent l’interface.



Le soir tombe sur Sainte-Rose après ces deux plongées très dépaysantes.

Il ne nous reste plus qu’à remercier Patrick, Christine, Isa et Toussaint pour leur accueil chaleureux et leur cornacage.

Nous rentrons épuisés mais ravis, riches de ces nouveaux sites et d’espèces que nous n’avons pas l’habitude de fréquenter.


Texte et photos : Bernard L.