Il se trouve à Saint-Leu, à 1H15 de navigation depuis Saint-Gilles.
En observant France à la barre, nous méditons, tout en nous déshabillant afin de revêtir nos tenues sous-marines, à l’art d’empiler les culottes.
Dubitatifs devant le départ sur le dos de Gabriel, mes deux naïades et moi nous immergeons à notre tour. 30 mètres en dessous s’offrent à nous les fonds curieux à la rencontre desquels nous allons.
Ne craignant pas que leurs crampes ne me fassent bouder, je précède mes deux compagnes (qui le 2 avril dernier m’ont présenté un don coûteux), Marion et Christelle, à grands coups de palmes pour atteindre la berge du ravin.
Et là, passant de la crête à l’abîme, nous nous préparons à glisser vers le tombant.
Un mur vertical descend jusqu’à plus de 70 mètres ! Rien n’est trop beau dès qu’il s’agit de grandeur…
La base du rempart se perd dans une nuit abyssale. Nous sommes déjà à 40 mètres. Avec mes compagnes nous nous interrogeons. Allons-nous descendre plus bas ? Elles, craignant d’avoir le sang congelé et moi le sang qui bout, nous renonçons.
Ayant l’habitude d’être abusées par les mythes, narcosées, s’attendaient-elles à trouver Poséidon lui-même installé sur ce trône de pierre ? Ou rêvent-elles de posséder un si beau roc plein de confort ?
A défaut de moucher des tanches, elles rencontrent une escadrille de poissons cochers …
Derrière nous, et légèrement en retrait, j’aperçois Christian. Il palme vigoureusement pour garder le contact et être là en cas de besoin pour assister son président préféré. Je reconnais bien là la pétulance du flatteur… et sa philanthropie.
Précédant le groupe, entraîné par le courant, ivre de profondeur, je me laisse vaincre par ces luttes passives …
Les coraux fleur s’offrent à nous, parant le mur abyssal de joyaux colorés.
Le corail fouet…le corail noir,
les gorgones
et autres arbustes sous-marins s’accrochent à la falaise…
Mais après 22 minutes passées à 40 mètres, il est temps de remonter afin de reprendre nos conversations de palier. Christian est heureux de nous exhiber sa pierre fine.
De retour à bord, nous goûtons un repas bien mérité ancré sur le sec jaune. C’est embêtant, il est vrai, que la bise souffle jusqu’au banc.
En ce qui me concerne, je serais tenté de vous dire en vous présentant ce reportage remarquable et poétique :
"Mâtez-moi l'abysse !"
Texte et photos : Bernard L.
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