vendredi 29 juillet 2011

Barge de Saint-Paul

Ce matin nous allons plonger sur la Barge reposant en baie de Saint-Paul par 25 mètres de fond. C’est un site protégé où il n’y a jamais ni houle ni courant. Nous sommes accueillis, posés sur la tonne d’amarrage, par l’habituelle concentration de Macouas, ou Noddi niais, Anous stolidus, C’est une espèce protégée à la Réunion.





Nous descendons sur la Barge dans le bleu survolée par son habituel banc de vivaneaux à raies bleues (Lutjanus kasmira). L’eau est moyennement claire.


Je ne tarde pas à dénicher un magnifique, mais non moins redoutable, poisson pierre (Synanceia verrucosa) dans l’épave.




Une rascasse volante (Pterois miles) nage à l’envers…

Une autre fait le poirier. Une juvénile rase le sable.


Soudain nous apercevons une raie torpille (Torpedo fuscomaculata) à découvert, bien posée sur la Barge. Attention à la décharge si on la touche !



Une autre est dissimulée dans le sable, ce qui est plus académique.


Tout à coup, une escadrille de fusiliers difficiles à déterminer nous frôle à grande vitesse.


Déjà 30 minutes au fond. Il est temps de remonter. 25 mètres au-dessus, le GM 4 nous attend baignant dans une luminosité glauque.


Soudain, alors que je m’apprête à regagner le port, je m’aperçois que j’ai oublié Jean-Luc sur la tonne. La dernière fois que ça m’est arrivé, le plongeur a survécu durant un mois, partageant le repas des Macouas, dormant dans leur guano.
Pris de pitié, je vais le récupérer car c’est un gai compagnon…et surtout un bon " client ".


Texte et photos : Bernard L.

dimanche 24 juillet 2011

Antonio Lorenzo


L’Antonio Lorenzo est une épave coulée en 1999 dans la baie de Saint-Leu à proximité de la Pointe des Châteaux.
Il s’agit d’un ancien palangrier intercepté en état de pêche illégale par les douanes et immergé à la demande du Comité régional de plongée sous-marins. L’épave repose sur son flanc bâbord par une profondeur de 39 mètres.

Après une heure de navigation sur une mer bien formée, face au vent et à la houle, nous parvenons à proximité de la Pointe des Châteaux.
Certains de mes acolytes ont, par contre, l’estomac bien déformé…
Le point GPS est impeccable (merci Christian), le nouveau sondeur en couleur est un vrai bonheur (merci Michel), nous déposons l’ancre à moins de 5 m de l’Antonio.
La descente se fait tranquillement le long du mouillage. En surface il y a du vent, il y a de la houle, mais par contre, dans l’eau, pas un pet de courant. La visi est excellente. Durant les premiers mètres nous ne voyons que du bleu.

Puis, une ombre se précise : c’est notre client.



J’adore ces approches où notre objectif se dévoile lentement comme une jeune fille pudique…


Nous survolons d’abord le safran et l’hélice, qui, hélas, est détachée de son arbre. Quel délice.


Il est temps de se retourner vers l’épave. Nous remontons de la poupe vers la proue, sans chercher à faire de prouesses.



Nous parvenons à la timonerie et décidons d’en faire le tour.

Nous approchons du mât. Le nid de pie, poste de vigie, est toujours bien en place. En revanche, Baba n’est plus à son poste.


Nous rasons le guindeau. La chaîne d’ancre est toujours présente, mouillant le navire pour l’éternité.


Nous parvenons à la proue. Je me retourne pour avoir de face une vue sur le navire qui semble encore tanguer dans la houle déchaînée.


Cela fait déjà 18 minutes que nous sommes au fond. Il va falloir, une fois encore abandonner notre terrain de jeu et rendre aux abysses ce qui leur appartient. Je me dirige vers l’ancre de notre bateau, qui flotte bien en surface lui (du moins je l’’espère) et gonfle le parachute de levage.
L’Antonio s’estompe dans le bleu, comme il est apparu mais en sens inverse… La passerelle s’éloigne petit à petit avalée par le bleu.









Nous effectuons nos 8 minutes de palier de décompression avant de regagner la surface, des images encore plein le masque.


Texte et Photos : Bernard L.

mercredi 20 juillet 2011

L'Haï Siang

Tout plongeur rêve de visiter une épave.
L’Haï Siang est immergé au large de Cap Homard non loin de Saint-Gilles. Il repose par 54 mètres de fond sur une litière de sable. L’Haï Siang est un langoustier coréen saisi par les douanes au début des années 80 qui a été coulé à la demande du Comité régional de plongée sous-marine. Il mesure 49 mètres de long ; son nom signifie « cochon sauvage ». L’épave est relativement bien conservée. C’est une plongée à ne pas manquer.

Ce matin, Babeth nous dépose à la perfection juste au dessus de l’épave. Il n’y a pas de courant, la visibilité est moyenne dans la couche supérieure mais s’avèrera excellente au fond. Nous allons planer et nous poser sur le navire tels des papillons de néoprène sur une fleur de métal.

Nous descendons dans le bleu. Soudain, vers 35 mètres, une ombre apparaît. L’épave se dessine et sort de la brume indigo.




Comme dévoilé par le panache de bulles que lâchent mes deux équipiers, l’Haï Siang se précise.



A quarante mètres environ, nous abordons le mât dressé verticalement vers la surface.



Une légère rotation et je me tourne vers la proue. C’est par là que je compte aborder le navire. Je m’apprête à survoler le guindeau situé entre les deux bittes d’amarrage.




48 mètres. Un énorme navire émerge du brouillard et me fonce dessus.
Je n’ai pas entendu sa corne de brume ! Par contre, pour la première fois cet hiver j’entends le chant des baleines. Et ça, ce n’est pas la narcose.



Je redescends vers la poupe. Quelques Idoles des Maures sont venues se perdre ici.




Pas question de pénétrer à l’intérieur du navire. Les épaves recèlent de nombreux pièges qui, à cette profondeur peuvent se révéler fatals.


Pourquoi en revanche ne pas utiliser cette échelle pour aller voir plus haut ?




Je jette un coup d’oeil sur mes deux compagnons, France et Jean-Luc. Pas question de se lâcher : à cette profondeur le moindre incident peut virer au drame. Quoiqu’il advienne, il nous faut 4 minutes pour remonter… sans compter les paliers.




Nous nous accoutumons à la profondeur, pourquoi ne pas descendre encore un peu pour aller voir ce qu’il reste de la poupe au niveau du sable ?



Le flash me révèle un banc de Capucins à ligne jaune, de vivaneaux à raies bleues et un poisson trompette. Rien de plus qu’à 6 mètres dans les zones de baptêmes. Dommage… parfois se niche à cet endroit une grosse raie pastenague.



Un bouquet de corail mou a décidé de s’implanter sous la coque.



Nous nous vautrons dans le sable à 52 mètres. France me fait signe que pour lui tout baigne.



Soudain, l’un de mes compagnons m’interpelle : un thon vient nous rendre visite.




Nous retrouvons le pont et ses bancs de vivaneaux.




Je déniche une belle rascasse volante.



En traversant un banc de demoiselles à queue blanche nous rejoignons le mât.



Déjà 12 minutes au fond. C’est peu et c’est beaucoup à la fois. Il est temps de remonter : nos ordinateurs indiquent déjà 2 minutes de palier de décompression à 6 mètres et 7 minutes à 3 mètres. Nous sommes à 15 minutes de l’air libre. Rester quelques minutes de plus pourrait doubler ces valeurs !

A regret nous quittons l’Haï Siang. Une fois ses visiteurs partis celui-ci retrouvera la tranquillité des abysses, reposant confortablement sur son lit de sable blanc, bercé par le chant des baleines.


Merci à Babeth :
   De nous avoir gentiment déposés sur le site.
   De m’avoir prêté son appareil photo étanche à 60 m pour réaliser ce reportage
   De nous avoir généreusement récupérés à l’issue de notre immersion.

Texte et photos : Bernard L.